Dans le post du 22 février, j'écrivais (en espagnol) sur la violence contre les femmes et sur comment ceci a toujours été une caractéristique commune à toutes les cultures. J'y mentionnais aussi que, heureusement, quelques unes de ces cultures (notamment en Occident) cette abérration est en train de disparaître et que l'art s'en est bien occupé. Je faisais le parcours d'un des cas le plus étonnants dans l'histoire de l'art: celui du sacrifice de Lucy Ashton en Écosse à la fin du XVIIéme siècle. La Lucy réelle est devenue la fiancée chez la novelle de Sir Walter Scott et postérieurement la Lucia di Lammermoor de Cammarano et Donizetti pour l'opéra. Le cas de cette femme n'a pas connu de limites linguistiques ou artistiques.
Deux siècles après la mort de Lucy Ashton, en France Jacques Offenbach a composé la musique pour l'histoire d'une autre femme réelle, qui a vécu à Lima (Pérou) dans la seconde moitié du XVIII siècle et dont Prosper Mérimée s'était déjà occupé dans sa novella "Le Carosse du Saint- Sacrément" (voir le post du 26 février). Il s'agit de María Micaela Villegas y Hurtado (1748 - 1819). Elle a été l'une des actrices de théâtre les plus connues de son temps et son rapport amoureux avec Manuel de Amat y Juniet, Vice-roi du Pérou, lui a valu d'être surnommée "La Perricholi" (en espagnol) et "La Périchole"en français. Il semble qu'on doive chercher l'origine du mot espagnol dans l'expression "perra chola" (chienne métisse), surnom méprisant que la haute société de Lima a donné a Micaela à cause de son rapport "illégitime" avec le Vice-roi, bien quoiqu'il n'était pas épousé. "Et qui s'en fiche?", peut-être s'est écriée Micaela. D'autres sources indiquent que le mot vient d'une discussion entre Amat et Micaela. À cette occasion-là il l'aurait appelée "perra chola". Il aurait prononcé l'expression avec un fort accent catalan et les serviteurs auraient cru entendre "perre chole" ou "perri choli".
La légènde raconte que pour lui démontrer son amour il a fait construire quelques uns des palais les plus beaux de Lima, la forteresse de El Callao et des places parmi les plus belles de la ville. Le rapport a duré à peu près 15 ans, de 1761 à 1771. Il est fini quand Amat a dû retourner en Espagne où il a épousé María Francisca de Fivaller y de Bru en 1777. Pourquoi n'a-t-il pas emmené Micaela? C'est un mystère. Mais l'ex-Vice-roi et Micaela ont eu un fils: Manuel de Amat y Villegas, à qui rien de l'héritage de son père n'est allé lors de sa mort en 1782. En 1788, elle a épousé M. Vicente Fermín de Echarri, un entrepreneur de théâtre qui est mort en 1807. Micaela, de 71 ans mourait en 1819 et son fils aurait signé l'Acte d'Indépendence du Pérou en 1821.
Son histoire a été transmise pendant les siècles à travers la littérature, la musique, le théâtre et le cinéma. Parfois on dit que la Périchole a été le premier exemple des divas. Et son surnom a fait, lui aussi, un parcours linguistique et culturel fort intéressant: de l'espagnol ou du catalan, il est passé au français. En mars 2009 M. Ernesto Poblet a publié un intéressant écrit sur la vie de Micaela et de l'époque du Vice-roi Amat y Juniet (en espagnol).
Écoutons une pièce de la musique du Pérou colonial. Il s'agit du "Fandango" de Matías Maestro (1766 - 1835), de 1786 environ. La Périchole vivait encore. L'interprétation est du guitariste péruvien Javier Echecopar.
sabato 28 febbraio 2009
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